LA CROIX : Signe d'une vie offerte pour l'humanité

LA CROIX : Là où on rencontre tant de cruautés et de méchancetés
                   Là où se mêlent la peur, l'angoisse, la souffrance, les moqueries, les insultes
                   pour Celui qui porte cette croix où se trouvent nos péchés. 

Mais au bout de cette croix, il nous faut retenir trois mots : 

AMOUR : "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aiment" Jean 15,13

PARDON : "Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font" Luc 23,34

RESURRECTION : "Je suis la résurrection et la vie" Jean 11,25

Chant de méditatin et de confiance : Je suis là, contemplez ce mystère, par amour, j'ai donné ma vie

Jésus nous demande aujourd'hui de nous décentrer de nous-mêmes, de nous ouvrir, de penser aux autres et de prier pour eux.

Approchez, venez à la lumière :
Seigneur, viens faire cette lumière en nous pour que nous nous approchons de toi avec un coeur humble et sincère

Accueillez mes grâces infinies
Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri

Mais rien que pour aujourd'hui, en cette eucharistie, viens faire ta demeure en chacun de nous.

3ème dim Ord. A- Saint François de Sales

C’est à Capharnaüm en Galilée, que Jésus décide de s’installer. C’est là qu’il apporte la lumière et la vie. C’est une région méprisée par les juifs de Jérusalem qui se considéraient comme les vrais pratiquants. Jésus n’a pas choisi Jérusalem, où pour les juifs, le Temple est l’unique demeure de Dieu. Il choisit d’habiter la Galilée, que la Bible appelle «  carrefour des païens ». L’accent galiléen, très identifiable, est moqué par les judéens, qui méprisent ces populations mélangées.

Et c’est là, en Galilée, qu’une grande lumière s’est levée dans les ténèbres du monde païen.

C’est là que Jésus exerce la première partie de son ministère, il se met à proclamer que le Royaume de Dieu est pour bientôt : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche » ; Ces premiers mots de Jésus sont prononcées au beau milieu de ce « carrefour de païens » qu’est la Galilée. Oui, la Bonne Nouvelle est pour tous, pour tous les peuples et pour toutes les nations. Jésus est lui-même la Bonne Nouvelle de ce Royaume.

C’est là, dans cette région méprisée par les juifs de Jérusalem, qu’il appelle ses premiers disciples, non des spécialistes ou des notables, mais des personnes ordinaires, qu’il va inviter à se dépasser. En faisant d’eux des « pêcheurs d’hommes », il inaugure le temps de l’Eglise et le travail missionnaire du Royaume. C’est là aussi qu’il va envoyer les apôtres après la Résurrection.

 

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Luc 1 ; 57-66.80) ...
La fête de la Nativité
de Saint Jean Baptiste,

Les quatre évangiles donnent une grande importance à la figure de Jean-Baptiste en tant que prophète qui conclut l’Ancien Testament, et inaugure le Nouveau. Saint Jean-Baptiste est un peu comme un homme antinomique. En effet, il vit dans le silence du désert. Cependant de là sa parole aux foules est d'une voix percutante et convaincante. Elle les pousse à la conversion. Il s’efface humblement en reconnaissant qu'il n'est pas le Verbe mais simplement la voix. Pourtant il ne mâche pas ses paroles et il a le courage de dénoncer même les injustices du roi. Jean-Baptiste est un homme simple, humble et silencieux en même temps il est un homme courageux et audacieux au point d’être le précurseur de Jésus dans le martyr. Douceur et force sont donc deux qualités qui font de la vie de Jean Baptiste une grande figure ! Justement Jésus dira de lui « Je vous le dis en vérité, parmi ceux qui sont nés de femmes, il n'en a point paru de plus grand que Jean-Baptiste » (Mt 11, 11).

Il est sans doute que nous sommes tous uniques et sujets singuliers devant Dieu et devant notre vocation respective.

« JÉSUS ET LES MALADES :

LE SACREMENT DE L’ONCTION DES MALADES »

Conférence de Carême 2018. Cathédrale. Saint-Denis/La Réunion. France.

INTRODUCTION

I- JÉSUS ET LES MALADES SELON l’Évangile de SAINT LUC

1-     L’Évangéliste saint Luc.

2-     L’Évangile de saint Luc : un Évangile de la miséricorde et de la compassion divines.

3-     Le péché est comme une maladie à guérir :

  1. a)Le propos de la femme pécheresse.
  2. L’histoire de Zachée.
  3. c)Le reniement de Pierre.
  4. d)Le bon larron qui s’est converti.

II – LE SENS SPIRITUEL DE LA MALADIE

1-     Qu’est-ce qu’une maladie ?

2-     Le sens spirituel d’une maladie. 

3-     Les paraboles de la miséricorde comme récits de guérison intérieure.

  1. a)Le problème du fils prodigue considéré comme un mal-être.
  2. b)Le péché est comme une maladie à guérir.
  3. c)La guérison physique et la libération de l’homme de la possession de la force du Mal.

II – L’ONCTION DES MALADES COMME SACREMENT DE L’ÉGLISE

1-     L’onction des malades : un sacrement de l’Église pour accompagner les personnes malades.

2-     L’onction des malades : manifestation de la miséricorde et de la compassion de Dieu dans le Christ.

CONCLUSION

INTRODUCTION

Chers frères et sœurs, bienvenus dans cette cinquième conférence de Carême où nous voulons approfondir un peu plus notre connaissance sur Jésus-Christ et notre relation avec Dieu. Le Carême est effectivement ce temps où l’Église nous invite à nous mettre en face de notre propre conscience et notre foi vis-à-vis de nous-mêmes, vis-à-vis des autres mais surtout vis-à-vis de Dieu.

Quatre approches se sont déroulées pour nous apporter quelques éléments et quelques témoignages de la foi, pour nous rappeler des attitudes que nous devrions adopter durant ce temps de carême, mais surtout pour suivre Jésus-Christ. Ces quatre conférences ne vous ont pas seulement démontré la présence et la force de Jésus dans la mission salvifique qu’Il menait, mais elles ont également montré avec qui Il était, et comment de quelle manière Il est encore témoigné aujourd’hui par des croyants.

C’est encore sur ces témoignages de la foi en Christ, donc, que ma conférence d’aujourd’hui veut s’appuyer. Il s’agit pour moi de vous montrer la présence de Jésus dans la vie des personnes dites « fragiles et affaiblies » par les maladies, non seulement pendant la période où Jésus était avec ses disciples au début de la Prédication de l’Évangile, mais encore aujourd’hui dans la vie de chaque personne souffrante. C’est ce dont l’Église veut nous témoigner à travers le sacrement de l’onction des malades au moyen duquel Jésus-Christ se rend présent auprès des personnes malades.

Alors pour mener à bien cette conférence, comme il s’agit de montrer Jésus avec les malades, j’ai choisi pour vous, dans la première partie, l’Évangile selon saint Luc qui pourrait mieux nous renseigner sur la proximité de Jésus avec les malades. Dans la seconde partie, nous essayerons de voir ce que peut être le sens de la maladie où il est question, pour moi, de vous inviter à poser un autre regard plus généreux et plus humain sur les personnes malades. Et nous finirons avec une troisième partie dans laquelle je vous rappellerai quelques éléments pour comprendre le sacrement de l’onction des malades dans l’Église catholique.  

                       CROIRE EN SOI

"Tout ce que je veux être, faire et avoir je peux l'obtenir à condition d'y croire".

  1. le discours intérieur 

Repérons dans nos discours intérieurs tout ce qui est de l’ordre de la dévalorisation, de l’interprétation abusive qui nous déprécie et remplaçons ces pensées par un discours plus objectif (et non pas positif), de façon à éviter une dévalorisation paralysante et favoriser un regard sur soi plus bienveillant et motivant :

  • Mécanismes de valorisation/dévalorisation
  • Modifier un discours intérieur
  • De la dévalorisation au regard bienveillant

 2.La construction de sa propre échelle de valeur : se détacher du passé enfermant et paralysant

Construire notre propre système de valeurs, notre propre échelle personnelle

Quelques pistes pour remettre le passé à sa place et construire notre présent :

  • Les messages contraignants
  • Valeurs morales et valeurs motrices
  • Comment nous entretenons nos convictions ?
  • Certitudes : essayer avant d’acheter
  • Les dossiers à fermer

 

3.Le passage à l’action accompagné de l’évaluation des talents mis en œuvre

Auto-évaluer, sur une échelle de 1 à 10, notre confiance en nous dans des situations précises. Ce constat favorise le passage à l’action, car suite à cette prise de conscience et à l’analyse des compétences, ressources, qualités, talents dont nous disposons, nous sommes plus enclins à avoir envie d’agir, y compris en dehors de notre zone de confort. Renouons donc avec ces ressources :

  • Redécouvrir nos talents naturels
  • Reconnaitre nos accomplissements
  • Les talents naturels au cœur de nos émotions
  • Sortir de la zone de confort

 

 

                  Le message de l'ange

Marc 16, 1-8

Le sabbat terminé, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums pour aller embaumer le corps de Jésus. De grand matin, le premier jour de la semaine, elles se rendent au tombeau dès le lever du soleil. Elles se disaient entre elles : « Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? » Levant les yeux, elles s’aperçoivent qu’on a roulé la pierre, qui était pourtant très grande. En entrant dans le tombeau, elles virent, assis à droite, un jeune homme vêtu de blanc. Elles furent saisies de frayeur. Mais il leur dit : « Ne soyez pas effrayées ! Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ?

Il est ressuscité : il n’est pas ici. Voici l’endroit où on l’avait déposé. Et maintenant, allez dire à ses disciples et à Pierre : “Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez, comme il vous l’a dit.” » Elles sortirent et s’enfuirent du tombeau, parce qu’elles étaient toutes tremblantes et hors d’elles-mêmes. Elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur.

Méditation

La conversion des courtisanes

Salomé, toi qui suivis ton Seigneur jusqu'à la laideur de la croix, es-tu cette jeune fille séduisante qui dansait devant Hérode et qui lui plut ? Est-ce toi qui obtins la tête de Jean-Baptiste sur un plat pour l'offrir à ta mère et qui désire désormais prendre soin du corps de ton Seigneur pour l'offrir à son Père ? Et toi Marie-Madeleine, qui es-tu ? Es-tu cette prostituée qui par sa beauté attirait à toi tous les hommes et qui contemple maintenant cet homme sans beauté, élevé de terre, et attirant à lui tous les hommes ? Es-tu cette pécheresse qui versa parfum et larmes sur les pieds du Seigneur vivant et qui désormais désire verser parfum et larmes sur son corps mort ? Vous qui connaissez le goût amer des amours mensongers, vous qui savez que « celui qui donnerait toutes les richesses de sa maison pour acheter l'amour, ne recueillerait que mépris » *, vous qui aviez abîmé votre cœur, comme un tissu usé avant même d'avoir servi, vous qui n'espériez plus pouvoir être aimées ; pour vous Jésus a donné sa vie. Sur la croix, il a pris sur lui ce dont il vous sauve : la laideur, la dureté, la violence du péché.

Si vous aviez su combien est grand l'amour de Dieu, vous auriez compris combien le péché est un gâchis. Levez les yeux, relevez la tête : le tombeau est ouvert. « Ne soyez pas effrayées ! Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici. » ** Le corps de Jésus n'a point besoin que vous lui rendiez les derniers hommages dus à un défunt : Jésus est ressuscité. Il a vaincu la mort et vous êtes sauvées. Marie-Madeleine, Salomé, écoutez : « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. » **

 **Cantique 8, 7

**Marc 16, 6

**Matthieu 5, 8

 

                EVANGELISER AUJOURD’HUI

Aujourd'hui comme hier, l'Evangélisation est l'annonce de la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ. La Parole évangélique demeure inchangée, mais la façon de l'annoncer a besoin d’être adaptée à des mentalités ou à des conditions de vie nouvelles : « L’Eglise est toujours une Eglise du temps présent ».

Evangélisation de soi-même : Evangélisons notre propre cœur avant d’évangéliser celui des autres.

Etre des contemplatifs en action : Sans prière, l’action que l’on croit apostolique risque de dégénérer en un activisme fâcheux ou d’aboutir à un échec.

Avoir un coeur d'apôtre : les Actes des Apôtres illustrent à merveille l’ardeur missionnaire de la primitive Eglise. Menaces, arrestations, mauvais traitements, rien n’arrête les Apôtres. A la base de ce dynamisme missionnaire, il y avait la sainteté des premiers chrétiens et des premières communautés.

Le témoignage : le témoignage de vie repose sur un témoignage de foi. C’est l’adhésion fondamentale au Christ et à sa Parole qui inspire un comportement chrétien, souvent digne d’admiration aux heures d’épreuve et de souffrance. Le témoignage de notre fidélité est bien plus grand en la souffrance qu’en l’action.

Evangéliser, c'est aller à contre-courant : C’est avoir un cœur qui écoute pour saisir un appel non formulé, c’est accueillir en profondeur celui qui vient chercher appui ou secours.

Le pardon est une forme d'évangélisation : le pardon fait retrouver la confiance en soi et la communion entre les personnes.

 

 

 

Fils bien-aimé, je t’ai dit ce que tu dois enseigner et recommander. Si quelqu’un enseigne autre chose, et ne s’attache pas aux paroles solides, celles de notre Seigneur Jésus Christ, et à l’enseignement vraiment religieux, un tel homme est plein de lui-même, il ne sait rien, c’est un malade de la discussion et des querelles de mots. Il ne sort de tout cela que rivalités, discordes, insultes, soupçons malveillants, disputes interminables de gens à l’esprit corrompu, qui, coupés de la vérité, ne voient dans la religion qu’une source de profits.

Certes, il y a un grand profit dans la religion si l’on se contente de ce que l’on a. De même que nous n’avons rien apporté dans ce monde, nous ne pourrons rien emporter. Si nous avons de quoi manger et nous habiller, sachons nous en contenter. Ceux qui veulent s’enrichir tombent dans le piège de la tentation; ils se laissent prendre par une foule de désirs absurdes et dangereux, qui précipitent les gens dans la ruine et la perdition. Car la racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent. Pour s’y être livrés, certains se sont égarés loin de la foi et se sont infligé à eux-mêmes des tourments sans nombre.

Mais toi, l’homme de Dieu, évite tout cela: cherche à être juste et religieux, vis dans la foi et l’amour, la persévérance et la douceur. Continue à bien te battre pour la foi, et tu obtiendras la vie éternelle; c’est à elle que tu as été appelé, c’est pour elle que tu as été capable d’une si belle affirmation de ta foi devant de nombreux témoins.

 

 

 

Je t’écris avec l’espoir d’aller te voir bientôt.

Mais au cas où je tarderais, je veux que tu saches comment il faut se comporter dans la maison de Dieu, c’est-à-dire la communauté, l’Église du Dieu vivant, elle qui est le pilier et le soutien de la vérité.

Assurément, il est grand, le mystère de notre religion : c’est le Christ, manifesté dans la chair, justifié dans l’Esprit, apparu aux anges, proclamé dans les nations, cru dans le monde, enlevé dans la gloire !

 

 

Message du pape François pour la célébration de la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création
le 1er septembre 2024.

Chers frères et sœurs !

“Espère et agis avec la création” : c’est le thème de la Journée de Prière pour la Sauvegarde de la Création, le 1er septembre. Il fait référence à la lettre de saint Paul aux Romains 8, 19-25 : l’Apôtre explique ce que signifie vivre selon l’Esprit et se concentre sur l’espérance certaine du salut par la foi, qui est la vie nouvelle dans le Christ.

1. Partons d’une question simple, mais qui pourrait ne pas avoir de réponse évidente : quand sommes-nous vraiment croyants, en quoi consiste avoir la foi ? Pas tellement dans le fait que “nous croyons” en une réalité transcendante que notre raison ne peut pas comprendre, le mystère inaccessible d’un Dieu lointain et distant, invisible et innommable ; mais plutôt, dirait saint Paul, dans le fait que l’Esprit Saint habite en nous. Oui, nous sommes croyants parce que l’Amour même de Dieu a été « répandu dans nos cœurs » ( Rm 5, 5). Par conséquent, l’Esprit est maintenant, véritablement, « une première avance sur notre héritage » ( Ep 1, 14), comme une pro-vocation à vivre toujours tendus vers les biens éternels, selon la plénitude de l’humanité, belle et bonne, de Jésus. L’Esprit rend les croyants créatifs, proactifs dans la charité. Il les introduit dans un grand cheminement de liberté spirituelle, non exempt cependant de lutte entre la logique du monde et la logique de l’Esprit, qui portent des fruits opposés (cf. Ga 5, 16-17). Nous le savons, le premier fruit de l’Esprit, condensé de tous les autres, est l’amourAinsi, conduits par l’Esprit Saint, les croyants sont fils de Dieu et peuvent, comme Jésus, s’adresser à Lui en l’appelant « Abba, Père » ( Rm 8, 15) dans la liberté de celui qui ne retombe plus dans la peur de la mort, parce que Jésus est ressuscité des morts. Voilà la grande espérance : l’amour de Dieu a vaincu, il vainc toujours et il vaincra encore. Pour l’homme nouveau qui vit dans l’Esprit, le destin de gloire est déjà certain, malgré la perspective de la mort physique. Cette espérance ne déçoit pas, comme le rappelle également la Bulle d’indiction du prochain Jubilé. [1]

2. L’existence du chrétien est une vie de foi qui opère dans la charité et déborde d’espérance dans l’attente du retour du Seigneur dans la gloire. Le “retard” de la parousie, de sa seconde venue, ne pose pas de problème. La question est autre : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc 18, 8). Oui, la foi est un don, le fruit de la présence de l’Esprit en nous, mais elle est aussi une mission à accomplir dans la liberté, dans l’obéissance au commandement d’amour de Jésus. Voici la bienheureuse espérance dont nous devons témoigner : où ? quand ? comment ? Dans les drames de la chair humaine souffrante. Si l’on rêve, il faut alors rêver les yeux ouverts, remplis de visions d’amour, de fraternité, d’amitié et de justice pour tous. Le salut chrétien pénètre dans les profondeurs de la douleur du monde qui ne saisit pas seulement les humains, mais l’univers entier, la nature même, l’oikos de l’homme, son milieu de vie ; il saisit la création en tant que “paradis terrestre”, la terre mère qui devrait être un lieu de joie et une promesse de bonheur pour tous. L’optimisme chrétien se fonde sur une vivante espérance : il sait que tout tend vers la gloire de Dieu, la consommation finale dans sa paix, la résurrection corporelle dans la justice, “de gloire en gloire”. Mais dans le temps qui passe, nous partageons la douleur et la souffrance : la création tout entière gémit (cf. Rm 8, 19-22), les chrétiens gémissent (cf. v. 23-25) et l’Esprit lui-même gémit (cf. v. 26-27). Le gémissement manifeste l’inquiétude et la souffrance, et aussi l’aspiration et le désir. Le gémissement exprime la confiance en Dieu et l’abandon en sa compagnie aimante et exigeante, en vue de la réalisation de son dessein qui est joie, amour et paix dans l’Esprit Saint.

3. Toute la création est impliquée dans ce processus d’une nouvelle naissance et, en gémissant, elle attend la libération. Il s’agit d’une croissance cachée qui mûrit, presque comme “une graine de moutarde qui devient un grand arbre” ou “du levain dans la pâte” (cf. Mt 13, 31-33). Les débuts sont minuscules, mais les résultats attendus peuvent être d’une beauté infinie. En tant qu’attente d’une naissance – la révélation des fils de Dieu – l’espérance rend possible le fait de rester ferme dans l’adversité, de ne pas se décourager dans les tribulations ou face à la barbarie humaine. L’espérance chrétienne ne déçoit pas, mais elle ne trompe pas non plus : le gémissement de la création, des chrétiens et de l’Esprit est anticipation et attente du salut déjà à l’œuvre, alors que nous sommes à présent plongés dans nombre de souffrances que saint Paul décrit comme “détresse, angoisse, persécution, faim, dénuement, danger, glaive” (cf. Rm 8, 35). L’espérance est donc une lecture alternative non pas illusoire mais réaliste de l’histoire et des événements humains, du réalisme de la foi qui voit l’invisible. Cette espérance est une attente patiente, comme chez Abraham qui ne voyait pas. J’aime rappeler ce grand croyant visionnaire que fut Joachim de Flore, l’Abbé calabrais “doté d’un esprit prophétique”, selon Dante Alighieri. [2] À une époque de luttes sanglantes, de conflit entre la Papauté et l’Empire, de Croisades, d’hérésies et de mondanisation de l’Église, il a su indiquer l’idéal d’un nouvel esprit de coexistence entre les hommes, marquée par la fraternité universelle et la paix chrétienne, fruits de l’Évangile vécu. J’ai proposé cet esprit d’amitié sociale et de fraternité universelle dans Fratelli tutti. Et cette harmonie entre les hommes doit aussi s’étendre à la création dans un “anthropocentrisme situé” (cf. Laudate Deum, n. 67), avec la responsabilité pour une écologie humaine et intégrale, chemin de salut de notre maison commune et de nous-mêmes qui l’habitons.

"Pourquoi tant d’injustices, tant de guerres fratricides qui font mourir des enfants, détruisent les villes, polluent le milieu de vie de l’homme, la terre mère violentée et dévastée ?"

4. Pourquoi tant de mal dans le monde ? Pourquoi tant d’injustices, tant de guerres fratricides qui font mourir des enfants, détruisent les villes, polluent le milieu de vie de l’homme, la terre mère violentée et dévastée ? Se référant implicitement au péché d’Adam, saint Paul dit : « Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore » (Rm 8, 22). La lutte morale des chrétiens est liée au “gémissement” de la création, parce celle-ci « a été soumise au pouvoir du néant » (v. 20). Le cosmos tout entier et toutes les créatures gémissent et aspirent “impatiemment”, afin que la condition présente soit surmontée et que la condition originelle soit rétablie. La libération de l’homme implique aussi, en effet, celle de toutes les autres créatures qui, solidaires de la condition humaine, ont été placées sous le joug de l’esclavage. Comme l’humanité, la création – sans qu’il y ait de sa faute – est esclave et se trouve incapable de faire ce pour quoi elle est conçue, c’est-à-dire avoir un sens et un but durables. Elle est sujette à la dissolution et à la mort, aggravées par les abus de l’homme sur la nature. Mais, en sens contraire, le salut de l’homme dans le Christ est une espérance sûre pour la création « d’être, elle aussi, libérée de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu » (Rm 8, 21). Ainsi, dans la rédemption du Christ, il est possible de contempler, dans l’espérance, le lien de solidarité entre l’être humain et toutes les autres créatures.

5. Dans l’attente pleine d’espérance et persévérante du retour glorieux de Jésus, l’Esprit Saint garde la communauté croyante vigilante et l’instruit continuellement, Il l’appelle à la conversion des styles de vie, à résister à la dégradation de l’environnement par l’homme, et à manifester cette critique sociale qui est avant tout un témoignage de la possibilité de changer. Cette conversion consiste à passer de l’arrogance de ceux qui veulent dominer sur les autres et sur la nature – réduite à un objet à manipuler – à l’humilité de ceux qui prennent soin des autres et de la création. « Un être humain qui prétend prendre la place de Dieu devient le pire danger pour lui-même » (Laudate Deum, n. 73), car le péché d’Adam a détruit les relations fondamentales par lesquelles l’homme vit : celles avec Dieu, avec lui-même et avec les autres êtres humains, et aussi celles avec le cosmos. Toutes ces relations doivent être, de manière synergique, restaurées, sauvées, “rendues justes”. Aucune ne peut manquer. Si l’une d’entre elles manque, tout s’effondre.

6. Espérer et agir avec la création signifie avant tout unir les forces et, en cheminant avec tous les hommes et les femmes de bonne volonté, contribuer à « repenser la question du pouvoir humain, de sa signification et de ses limites. En effet, notre pouvoir s’est accru de manière effrénée en peu de décennies. Nous avons fait des progrès technologiques impressionnants et stupéfiants, et nous ne nous rendons pas compte que, dans le même temps, nous sommes devenus extrêmement dangereux, capables de mettre en danger la vie de beaucoup d’êtres ainsi que notre propre survie » (Laudate Deum, n. 28). Un pouvoir incontrôlé engendre des monstres et se retourne contre nous-mêmes. C’est pourquoi il est urgent aujourd’hui de poser des limites éthiques au développement de l’intelligence artificielle qui, avec sa capacité de calcul et de simulation, pourrait être utilisée à des fins de domination sur l’homme et sur la nature plutôt qu’au service de la paix et du développement intégral (Cf. Message pour la Journée Mondiale de la Paix 2024).

7. “L’Esprit Saint nous accompagne dans la vie”. C’est ce qu’ont bien compris les enfants réunis place Saint-Pierre pour leur première Journée Mondiale qui coïncidait avec le dimanche de la Sainte Trinité. Dieu n’est pas une idée abstraite de l’infini, mais il est Père aimant, Fils ami et rédempteur de tout homme, et Esprit Saint qui guide nos pas sur le chemin de la charité. L’obéissance à l’Esprit d’amour change radicalement l’attitude de l’homme : de “prédateur” il devient “cultivateur” du jardin. La terre est confiée à l’homme, mais reste à Dieu (cf. Lv 25, 23). C’est l’anthropocentrisme théologique de la tradition judéo-chrétienne. Par conséquent, prétendre posséder et dominer la nature, la manipuler à volonté, est une forme d’idolâtrie. C’est l’homme prométhéen, ivre de son pouvoir technocratique qui, avec arrogance, met la terre en état de “dis-grâce”, c’est-à-dire privée de la grâce de Dieu. Or, si la grâce de Dieu c’est Jésus, mort et ressuscité, alors ce que Benoît XVI a dit est vrai : « Ce n’est pas la science qui rachète l’homme. L’homme est racheté par l’amour » (Lett. enc. Spe Salvi, n. 26), l’amour de Dieu dans le Christ dont rien ni personne ne pourra jamais nous séparer (Cf. Rm 8, 38-39). Continuellement attirée par son avenir, la création n’est pas statique ni fermée sur elle-même. Aujourd’hui, grâce aussi aux découvertes de la physique contemporaine, le lien entre la matière et l’esprit fascine de plus en plus notre connaissance.

8. La sauvegarde de la création n’est donc pas seulement une question éthique mais aussi éminemment théologique. Elle concerne en effet l’imbrication du mystère de l’homme et du mystère de Dieu. Cette imbrication peut être dite “générative” car elle remonte à l’acte d’amour par lequel Dieu crée l’être humain dans le Christ. Cet acte créateur de Dieu confère et fonde l’action libre de l’homme et toute son éthique : libre précisément dans son être créé à l’image de Dieu qui est Jésus Christ et, pour cette raison, “représentant” de la création dans le Christ lui-même. Il existe une motivation transcendante (théologico-éthique) qui engage le chrétien à promouvoir la justice et la paix dans le monde, y compris à travers la destination universelle des biens. Il s’agit de la révélation des fils de Dieu que la création attend, en gémissant comme dans les douleurs d’un enfantement. L’enjeu n’est pas seulement la vie terrestre de l’homme dans l’histoire mais surtout son destin dans l’éternité, l’eschaton de notre bonheur, le Paradis de notre paix, dans le Christ Seigneur du cosmos, le Crucifié-Ressuscité par amour.

9. Espérer et agir avec la création signifie alors vivre une foi incarnée qui sait entrer dans la chair souffrante et pleine d’espérance des personnes, en partageant l’attente de la résurrection des corps à laquelle les croyants sont prédestinés dans le Christ Seigneur. En Jésus, le Fils éternel dans la chair humaine, nous sommes réellement fils du Père. Par la foi et le baptême, commence pour le croyant la vie selon l’Esprit (Cf. Rm 8, 2), une vie sainte, une existence de fils du Père, comme Jésus (Cf. Rm 8, 14-17), puisque, par la puissance de l’Esprit Saint, le Christ vit en nous (Cf. Ga 2, 20). Une vie qui devient chant d’amour pour Dieu, pour l’humanité, avec et pour la création, et qui trouve sa plénitude dans la sainteté. [3]

Rome, Saint-Jean-de-Latran, le 27 juin 2024

FRANÇOIS

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