Salésiennes Missionnaires de Marie Immaculée



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Sermon de Saint François de sales pour la fête de la Pentecôte

Tome X, page 417

Toutes les œuvres de Dieu qui regardent le salut des hommes et des Anges sont attribuées d’une façon particulière au Saint Esprit, d’autant que le Saint Esprit est l’amour du Père et du Fils. Dieu n’est qu’un en essence; toutefois la Divinité est en trois Personnes, Père, Fils et Saint Esprit, qui sont un seul vrai Dieu. Et par conséquent il est impossible que ce que fait l’une des Personnes divines les deux autres ne le fassent semblablement; et, comme dit le Symbole de saint Athanase, le Père est créateur, le Fils est créateur et le Saint Esprit est créateur, et toutes les œuvres de la création et autres ont été et sont également faites par les trois Personnes divines. Néanmoins, parce que le Saint Esprit est l’amour du Père et du Fils, on lui attribue les œuvres qui procèdent de la bonté de Dieu, comme est la justification et sanctification des âmes, ainsi que les œuvres qui procèdent immédiatement de la toute-puissance, comme celles de la création, sont attribuées au Père; c’est pourquoi nous disons: «Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre.» Mais les œuvres de la sagesse sont attribuées au Fils parce qu’il est la Parole du Père, Verbum Patris; c’est pourquoi l’œuvre de la rédemption lui est attribuée, d’autant que, comme un très sage méde­cin, il a su guérir la nature humaine de tous ses maux.

Les œuvres donc qui procèdent de la bonté de Dieu sont attribuées au Saint Esprit parce qu’il est l’amour, c’est-à-dire le soupir amoureux du Père et du Fils. Or, en cette fête, ayant à considérer les œuvres du Saint Esprit, les uns les regardent comme fruits, ainsi qu’ils sont décrits par l’Apôtre saint Paul dans l’Épître aux Galates (V, 22-23): « Fructus autem Spiritus est charitas, gau­dium, pax, Patientia, longanimitas, bonitas, beni­gnitas, mansuetudo, fides, modestia, continentia, castitas »; « Les fruits de l’Esprit sont charité, joie, paix, patience, longanimité, bonté, bénignité, man­suétude, foi, modestie, continence et chasteté ». Les autres les considèrent et partagent en dons de science, d’interprétation et autres, ainsi que rapporte le même Apôtre en sa première Épître aux Corinthiens. Mais pour les ramasser, je suis content de les considérer sous les sept dons desquels il est parlé en Isaïe (xi, 1-3). 

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Il est dit au Livre des Nombres (viii, 1-4) que Dieu commanda à Moïse de mettre un grand chandelier d’or auprès du tabernacle, lequel portait sept lampes pour brûler perpétuellement. Saint Isidore et, avant lui, saint Cyrille de Jérusalem ont dit que ce chandelier et ses sept lampes représentaient le Saint Esprit et ses sept dons: et il est vrai que toute lumière, chaleur, clarté et bénédiction procèdent du Saint Esprit, c’est-à-dire de Dieu en tant qu’il est amour; mais cette clarté, lumière et bénédiction est partagée en sept dons du Saint Esprit. 

Une verge sortira de la racine de Jessé, dit le Pro­phète Isaïe, c’est-à-dire la Vierge; et de la Vierge une fleur, c’est-à-dire son Fils Notre Seigneur, et sur cette fleur le Saint Esprit reposera: l’Esprit de sagesse et d’intellect, l’Esprit de conseil et de force, l’Esprit de science et de piété, et il sera rempli de la crainte du Seigneur; Egredietur virga de radice Jesse, et flos de radice ejus ascendet, et requiescet super eum Spiritus Domini: Spiritus sapientiæ et intellectus, Spiritus consilii et fortitudinis, Spiritus scientiæ et pietatis, et replebit eum Spiritus timoris Domini. De sorte que l’humanité sacrée de notre Sauveur a été comme une divine fleur sur laquelle le Saint Esprit s’est reposé pour lui communiquer ses sept dons; ce qui nous est très bien représenté par ce chandelier d’or avec ses sept lampes, qui était devant le tabernacle en l’ancienne Loi, et lequel pouvait être appelé une fleur parce que ses vases étaient disposés en guise de fleurs de lys (Exod., xxv, 31-34).

Voyons maintenant quels sont ces sept dons. Le Prophète les rapporte selon l’ordre de leur dignité, et d’autant que le don de sagesse est le plus excellent et le plus relevé, il le met le premier, et les moins excellents il les met à la fin. Mais nous, qui en devons parler pour nous instruire, commençons par le bas bout pour monter au plus haut, et puisque nous sommes en terre, commençons par le premier degré; quand nous serons parvenus en haut, je veux dire au Ciel, nous pourrons puiser les trésors dans le sein du Père éternel.

Or voici donc, pour commencer à monter cette divine échelle, que le premier don du Saint Esprit est le don de crainte de Dieu[1]. Mais quelle crainte? car il y a double crainte de Dieu, inférieure et supérieure. Initium sapientiœ timor Domini; Le commencement de la sagesse c’est la crainte de Dieu, dit le Psalmiste (Ps. CX ult.; cf. Prov., I, 7; Eccli., I, 16); et en un autre lieu (Ps. xxxiii, 10): Timete Dominum, omnes sancti ejus; Craignez Dieu, ô vous tous saints et élus. Et le Sage dit (Eccles., ult., 12-13). On écrit autant de livres qu’on veut, mais l’abrégé de tous, c’est la crainte de Dieu.

Mais qu’appelez-vous crainte inférieure ou supérieure? dira quelqu’un; expliquez-nous en quoi elle consiste. Or, il faut savoir que cette crainte est double; car on craint Dieu ou en tant qu’il châtie les malfaiteurs ou en tant qu’il récompense les bienfaiteurs. Mais cette [première] crainte est servile et semblable à celle des forçats de galère, qui ne voguent que par force et ne vogueraient jamais s’ils ne craignaient qu’on les accablât de coups de nerfs de bœuf. De même il y a plusieurs personnes qui ne quitteraient jamais leur mauvaise vie si elles ne craignaient la mort, le jugement et les peines d’enfer; et cette crainte est la plus générale entre les hommes, ainsi que l’expérience le fait voir tous les jours; car de dix mille pénitents, il n’y en a peut-être pas un qui ne commence son salut par cette crainte de la mort, du jugement et de l’enfer. C’est pourquoi le saint Prophète David parlant à Dieu (Psaume CXLIX, 8), lui dit: Vous assujettirez sous votre empire les rois et les grands, et les emprisonnerez avec des menottes de fer; Ad alligandos reges eorum in compedibus, et nobiles eorum in manicis ferreis.

Ces menottes et chaînes de fer, dit saint Augustin c’est la crainte d’être damné, et cette crainte est bonne pour commencer son salut, parce que les hommes, reconnaissant qu’il est impossible que Dieu ne se venge des pécheurs qui l’ont offensé, craignent et redoutent ses châtiments, et cette appréhension est naturelle; car comme la nature nous enseigne qu’il y a un Dieu, aussi, dit saint Chrysostome, il est impossible de penser qu’il y a un monde régi et gouverné par sa providence, [sans] que sa justice ne soit exercée sur les hommes pour punir les péchés. C’est pourquoi les philosophes, comme Platon, Aristote et les autres, ont craint et ont pensé que Dieu après cette vie châtierait les offenses.

David lui-même faisait cette prière au Psaume cxviii:  Confige timore tuo carnes meas, a judiciis enim tuis timui; Transpercez mon cœur de la flèche de votre crainte, car j’ai redouté vos jugements. Je me suis épouvanté, et mon cœur a été percé de part en part. Et ne lisons-nous pas dans les Actes des Apôtres (XXIV, 25) que Félix, président de Judée, trembla et fut saisi d’une grande crainte, bien qu’il fût païen, entendant parler saint Paul du jugement dernier, et toutefois il ne se convertit pas? Ainsi, plusieurs craignent les divins jugements, mais leur cœur n’est [pas] transpercé de cette crainte. Il leur vient bien une certaine crainte, laquelle n’étant que dans la partie inférieure et dans les sens, n’opère rien dans leurs âmes; où la crainte don du Saint Esprit entre et pénètre le cœur, et opère des fruits dignes de pénitence (Luc, III, 8; Act., XXVI, 20; cf. Is., xxvi, 18). C’est pourquoi vous voyez d’ordinaire que ceux qui n’ont cette crainte que dans la partie inférieure s’en retournent de la prédication mélancoliques en leur maison, comme au contraire ceux qui ont la crainte don du Saint Esprit s’en retournent convertis et pénitents.

C’est le sujet pour lequel David disait: Je demande, ô Seigneur, une flèche poussée de votre main, laquelle transperce mon cœur. Et saint Jérôme disait que la crainte des jugements de Dieu transperçait si fort son âme qu’il lui semblait toujours entendre retentir à ses oreilles cette voix épouvantable des Anges: «Levez-vous, morts, et venez au jugement; Surgite, mortui, venite ad judicium.» Mon Dieu, que de personnes ont quitté le péché par cette crainte du jugement! C’est donc à très juste raison qu’elle est dite le commencement de la sagesse, et l’amour la consommation (I Jean., iv, 18), qui nous fait monter au Ciel pour nous joindre à Dieu; mais pour arriver à ce bonheur il faut quitter le péché, et pour le quitter il faut craindre. Et voilà ce que fait cette crainte inférieure.

L’autre partie de cette crainte que j’appelle supérieure est celle qu’on a de perdre le Ciel; ce que je dis d’autant qu’il y a des personnes si charnelles, lesquelles, comme s’il n’y avait point de Paradis mais seulement des peines d’enfer, ne se soucient point de le perdre, étant très contentes de la possession de ce paradis mondain, terrestre, malheureux et infortuné, n’ayant point de prétention au Paradis céleste. Or, la crainte de Dieu ne comprend pas seulement l’appréhension des peines d’enfer, ainsi, elle a encore celle de perdre le Paradis. La générosité relevant donc notre cœur après ces biens éternels, nous fait dire avec le Psalmiste (Ps. CXVIII, 112): Inclinavi cor meum ad faciendas justificationes tuas in æternum propter retributionem; Ah, Seigneur, j’ai incliné mon cœur à garder vos commandements à cause des grandes récompenses que vous donnez à ceux qui les observent. Ces paroles sont remarquables; elles ne veulent dire autre chose sinon que la crainte nous fait cesser de mal faire, d’autant que voilà le Paradis qui doit être la récompense du travail de l’ouvrier. C’est pourquoi les âmes généreuses pour s’encourager à travailler, à l’exemple de David, se proposent la gloire éternelle. Pourquoi ne travaillerais-je pas, disent-elles, pour entrer en possession de cet héritage céleste? J’ai incliné mon cœur à garder vos commandements à cause des récompenses. Hé quoi, serait-il bien possible que je voulusse perdre le Paradis? Serais-je bien si lâche que de perdre le partage qui m’est promis en cette patrie céleste?

Vous voyez donc bien maintenant que cette crainte est appelée inférieure et supérieure parce qu’elle est composée de ces deux craintes, des peines d’enfer et de la perte du Paradis. Or, cette crainte qui nous fait quitter le péché est un don du Saint Esprit, lui seul la peut donner; c’est pourquoi elle est appelée le commencement de la sagesse, parce qu’elle est d’ordinaire le commencement de notre salut. Et quoi que les hérétiques disent qu’elle est mauvaise ils se trompent grandement, et les paroles de Jésus-Christ les condamnent absolument. Ne craignez point, dit-il en saint Matthieu (X, 28) ceux qui peuvent tuer le corps, mais craignez Celui qui peut condamner l’âme à la géhenne éternelle; Nolite timere eos qui occidunt corpus, animam autem non possunt occidere; sed potius eum timete qui potest et animam et corpus perdere in gehennam. Ce qui nous fait voir que cette crainte est bonne, et que c’est Dieu qui en est l’auteur et la met dans le cœur pour commencer notre salut par elle.

Le deuxième don du Saint Esprit est le don de piété. Le don de piété est une vertu particulière, laquelle dépend de la justice, qui n’est autre que l’honneur, le respect et l’amour que nous rendons non seulement à Dieu comme à notre souverain Créateur et notre Père très aimable, mais encore à ceux que nous tenons pour supérieurs, soit spirituels ou temporels, comme les pères, mères, prélats et magistrats. Le Saint Esprit donc venant au cœur lui communique le don de piété, par lequel l’âme porte un très grand honneur et respect à Dieu, accompagné d’un amour filial et d’une crainte amoureuse.

Et ne voyons-nous pas que sa divine Majesté se plaint de ce défaut de crainte, d’amour, d’honneur et de respect par son Prophète Malachie (I, 6), disant: Si je suis votre Père, où est l’honneur que vous me rendez? si je suis votre Seigneur, où est la crainte que vous devez avoir de m’offenser? Si ergo Pater ego sum, ubi est honor meus? et si Dominus ego sum, ubi est timor meus? Le fils sert comme fils, et non point comme serviteur crainte d’être battu, ni pour la récom­pense comme mercenaire, mais par amour, d’autant que cet amour est imprimé au cœur filial. Quand l’âme a eu la crainte de perdre le Paradis dont je vous ai parlé, elle passe outre et dit: Quand il n’y aurait point de Paradis, Dieu est mon Père: il m’a créée, me conserve, me nourrit et me donne toutes choses, et partant je veux l’aimer, l’honorer et le servir. Ô don de piété, riche présent que Dieu fait au cœur! Bienheureux est celui qui a cette correspondance de cœur filial envers le cœur paternel du Père céleste (Galat., IV, 6). Et c’est à cela que Dieu nous veut faire tendre, quand il veut que nous le nom­mions notre Père qui est aux cieux, en l’Oraison domi­nicale (Mt., vi, 9-13), nom de respect, d’amour et de crainte.

Et pour vous montrer que ce don de piété, c’est-à-dire cette crainte filiale, nous est donné du Saint Esprit, l’Apôtre saint Paul écrivant aux Romains (viII, 15) leur dit: Non accepistis spiritum servitutis iterum in timore, sed accepistis spiritum adoptionis filiorum Dei, in quo clamamus: Abba, Pater; c’est-à-dire que nous devenons comme des petits enfants auprès de Notre Seigneur. Les petits enfants vivent en une grande confiance: ils ne pensent point que leur père veuille les battre ni qu’il leur prépare un héritage, mais seulement s’occupent à l’aimer sans penser à autre chose, parce qu’ils sont portés entre ses bras, qu’ils sont nourris, dorlotés et enfin entretenus par le soin de leur bon père. Ainsi devons-nous faire, mes chères Sœurs, envers Dieu, le révérant comme notre Père, le servant avec amour, sans appréhension des supplices ni prétention des récompenses, nous laissant porter entre les bras de sa sainte provi­dence tout ainsi qu’il lui plaira.

Le troisième don du Saint Esprit, en remontant, est le don de science, non pour savoir les choses humaines, comme Aristote, Platon, Homère, Virgile et les autres philosophes qui ont eu cette science qui ne leur a de rien servi. Or la science don du Saint Esprit est nécessaire pour bien exercer les deux premiers dons, pour savoir comme nous nous comporterons envers Celui que nous voulons craindre et aimer, et pour découvrir et savoir discerner le mal qu’il faut fuir et le bien qu’il faut suivre. Declina a malo et fac bonum; Détournez-vous du mal et faites le bien, dit le Prophète (Ps. xxxvI, 27), car c’est la science des sciences et celle qui nous est donnée du Saint Esprit, laquelle les enfants du monde n’ont point eue; car bien qu’ils fussent grands philosophes, si n’ont-ils point appris à glorifier Dieu ni à suivre la justice, parce qu’ils ont tenu la vérité captive et prisonnière en l’injus­tice, dit l’Apôtre (Rom., I, 18, 21): Veritatem Dei in injustitia deti­nent. Ils avaient bien la vérité dans l’intellect, mais non dans la pratique, d’autant qu’ils n’avaient pas l’humi­lité chrétienne, laquelle nous fait prosterner devant le Saint Esprit pour recevoir ce don si nécessaire pour opérer notre salut.

La science du bien et du mal est naturellement désirée de tous; c’est pourquoi Ève curieuse la désira. Dieu sait le mal, mais pour le détester, et le bien pour le pratiquer: Vous serez comme des dieux; Eritis sicut dii, scientes bonum et malum (Gen., III, 5), dit le serpent à nos premiers parents pour les tromper misérablement, leur faisant pratiquer le mal. Saint Augustin, en une homélie de ce jour, dit que les philosophes ont parlé des vertus magnifiquement, mais pour les mépriser, et des vices pour les pratiquer, parce qu’ils étaient aveugles, d’au­tant qu’il n’y a point de vraie science que celle du Saint Esprit, laquelle il ne départ qu’aux cœurs humbles (Prov., III1, 32; Is., LVII, 15). N’avons-nous pas aussi vu plusieurs grands théologiens qui ont dit merveille des vertus, non pour les exercer, comme au contraire il y a eu tant de saintes femmes qui ne savent pas parler des vertus, lesquelles néanmoins en savent très bien l’exercice, car on a vu les unes avec un soin extrême de conserver leur virginité, les autres avec un cœur pur et net en leur viduité, les autres en la chasteté conjugale. Et qui leur avait donné ce don de science pour discerner le bien et le mal, le vice et la vertu, sinon le Saint Esprit? Mais, direz-vous, je ne sais point comme il faut pratiquer la vertu. Mettez-vous en la présence du Saint Esprit, humiliez-vous, et il vous l’enseignera et vous rendra savante.

Certes, on a vu des saintes admirablement savantes en leur ignorance et admirablement ignorantes en leur science. La peste de la science est la présomption, laquelle rend les esprits enflés et hydropiques (I Cor., viii, 1), ainsi que sont d’ordinaire les savants du monde. Ô quelle ignorance en cette science! Sainte Catherine martyre fut fort savante, mais sa science était humble au pied de la Croix. D’autres ont été ignorantes, et en leur ignorance elles ont été admirablement savantes, comme sainte Catherine de Gênes; mais la présence du Saint Esprit les rendait savantes, et parce qu’elles avaient la crainte, la piété et l’humilité, Dieu leur fit ce riche présent du don de science qu’Ève a tant désiré, mais par orgueil, pour être semblable à Dieu. 

Après le don de science suit le quatrième, qui est celui de force, lequel nous est absolument nécessaire, parce qu’il ne suffit pas de savoir discerner le bien et le mal, si nous n’avons la force pour éviter l’un et pratiquer l’autre. Combien a-t-on vu de personnes qui ont su le bien et n’ont pas eu le courage de le pratiquer, ainsi que nous voyons encore aujourd'hui en la plupart des chrétiens!

Mais, me direz-vous, puisque nous recevons le Saint Esprit et avec lui tous ses dons, lorsque nous recevons les Sacrements avec les dispositions requises, d’où vient que nous retombons si souvent au péché? C’est par lâcheté, d’autant que nous n’osons pas entreprendre la guerre contre le vice avec la fermeté et le courage nécessaires pour surmonter nos ennemis. Par exemple, l’on vient à la Confession où l’on reçoit le Saint Esprit avec la rémission des péchés; et néanmoins combien y en a-t-il qui récidivent aux mêmes péchés après la Confession! Et d’où vient cela, sinon faute de courage? On pense: Qu’est-ce qu’on dira de moi si je deviens dévote, si je fais pénitence, si je quitte les conversations mondaines? On craint une parole dite en l’air; et n’est-ce pas tout à fait manquer de force que cela?

Mais il faut remarquer qu’encore que nous ayons reçu les dons du Saint Esprit, si nous ne sommes grandement sur nos gardes nous les pouvons perdre à toute heure, quoique nous ne puissions nous servir de l’un sans l’autre, parce qu’ils ne sont en nous que par manière d’habitude, ce qui fait que nous ne nous en servons que quand nous voulons. Car il n’est pas du cœur spirituel comme du cœur charnel, lequel, combien que nous dormions, ne cesse jamais d’agir, de veiller et d’envoyer ses esprits vitaux au cerveau; où, au cœur spirituel, la volonté, le courage et la générosité sont absolument nécessaires pour lui faire faire ses opérations. Et c’est pourquoi le Saint Esprit nous communique le don de force par lequel tant de martyrs ont vaincu les tyrans et surmonté les tourments avec tant de constance que rien ne les a épouvantés, ainsi qu’on peut voir en lisant les histoires d’une sainte Agnès, d’une sainte Agathe et d’une infinité d’autres. 

Le don suivant en remontant, est le don de conseil, sans lequel la force est témérité; comme vous voyez que les soldats, bien qu’ils aient de la force, néanmoins il leur faut un capitaine pour le conseil. La crainte nous fait déprendre du péché, la science nous le fait discerner; mais encore nous faut-il du conseil pour venir à l’exécution de ce que la science nous fait connaître. Il reste donc la méthode pour exécuter ce que le Saint Esprit nous enseigne. Par exemple, vous verrez une personne qui voudra suivre la dévotion, qui dira en elle-même: Quel conseil suivrai-je pour pratiquer le bien que Dieu m’a inspiré et pour éviter le mal qu’il m’a fait reconnaître? quel chemin tiendrai-je? quel conseil observerai-je? Sera-ce celui de la chasteté ou de la pauvreté? sera-ce l’obéissance simple et aveugle? Suivrai-je la viduité ou le mariage? Ferai-je l’aumône ou donnerai-je tout mon bien aux pauvres? Le Saint Esprit, résidant dans notre cœur, nous conseille et nous pousse par son inspiration à faire ce qui est plus pour la gloire de Dieu et notre salut. Jusqu’à présent j’ai été avare, sensuel, sujet aux plaisirs de la bouche; je vois que cela est mal, j’ai le désir de m’en retirer: que ferai-je donc pour me défaire petit à petit de ces méchantes habitudes et me mortifier? Le Saint Esprit conseille les moyens qu’on doit tenir pour surmonter le mal et pratiquer le bien.

Vous verrez des personnes dans le monde sujettes à la colère, lesquelles s’adonneront au jeu où elles se laissent emporter pour l’ordinaire à dire quantité de blasphèmes et injures: que faire là? C’est qu’il faut quitter le jeu. D’autres aimeront les conversations où la médisance règne, à laquelle ils se laissent emporter; ils font résolution de ne plus médire, mais la conversation les emporte insensiblement à la médisance: que faire là? Le Saint Esprit leur dit intérieurement qu’il faut quitter ces conversations. Combien y en a-t-il au monde qui savent bien qu’on s’y perd parce que l’air est infecté, et qu’il donne la mort éternelle aux âmes dans lesquelles il entre, ou leur cause de grandes maladies: quel remède à cela? Sortez, leur dit le Saint Esprit intérieurement (Jérém., LI, 45), puisque vous savez que vous n’y pouvez pas faire votre salut. Il nous conseille donc ainsi immédiatement par ses inspirations, ou bien il nous conseille de nous conseiller à ceux qui ont la lumière qu’il leur a communiquée.

Le don suivant est le don d’entendement, entendement spirituel que le Saint Esprit enchâsse dans notre entendement humain, lequel n’est autre qu’une certaine clarté par laquelle nous voyons et pénétrons la beauté et la bonté des mystères de la foi. On entend les prédications, on lit beaucoup, et toutefois on demeure toujours dans l’ignorance de ces saints mystères parce qu’on n’a pas ce don d’entendement. Une âme simple, prosternée devant Dieu, entendra le mystère de la très sainte Trinité, non pour le dire, mais pour en tirer des maximes pour son salut, parce que le Saint Esprit lui a communiqué le don d’entendement. J’ai accoutumé de dire que presque tous périssent faute de suivre les maximes du christianisme*, comme celles-ci: Bienheureux sont les pauvres d’esprit, car à eux appartient le Royaume des cieux, Beati pauperes spiritu, quoniam ipsorum est Regnuin cælorum; Bienheureux sont les débon­naires, Beati mites, quoniam ipsi possidebunt ter­ram (Matt., V, 3, 4). Mais qui est-ce qui voit la beauté de ces maximes sinon ceux à qui le Saint Esprit les fait voir?

Lorsque nous voyons les beaux palais dorés, les perles et joyaux: Ah, disons-nous, que ces choses sont belles! Mais à qui? Aux yeux des mondains. Le monde le dit, et Notre Seigneur dit: Voyez cette perle (ibid., xliI, 46) de la pau­vreté évangélique, et à travers celle-ci, voyez le Ciel et la félicité éternelle qui y est attachée. Mais faute d’avoir fortement établi ces maximes dans notre cœur, nous nous perdons misérablement, et le monde triomphe de nous et nous séduit malheureusement par ses fausses maximes. Ah, pauvres abusés que nous sommes! Nous savons bien que le monde avec toutes ses richesses et ses vaines grandeurs ne vaut rien, et néanmoins nous y mettons notre affection et suivons ses maximes.

Soyez faits comme petits enfants (ibid., xviii, 3), dit Notre Seigneur; Soyez simples comme colombes: Estote simplices sicut columbæ (ibid., x, 16), et cependant l’on n’a point de candeur ni de simplicité. L’on veut être prudent, mais d’une prudence charnelle, laquelle, comme dit le grand Apôtre en l’Épître aux Romains (viii, 6), donne la mort à l’âme: Prudentia carnis mors est. Et d’où vient cela? C’est que nous n’avons pas le don d’entendement pour voir et pénétrer la beauté et la bonté des maximes de Notre Seigneur. Ah, si nous les pénétrions bien et si nous voyions leur beauté, certes, nous quitterions et renoncerions pour jamais aux malheureuses maximes du monde, qui ne valent rien, pour suivre celles de notre divin Maistre. Mais particulièrement les âmes religieuses doivent bâtir et fonder toute leur perfection sur ses saintes maximes, et les établir fortement en leur cœur afin de n’y laisser jamais entrer des maximes contraires, suivant l’exemple de tant de saints et saintes qu’on a vu aimer plus les larmes que la joie, la tribulation que la prospérité, la pauvreté que les richesses.

Or, après que le Saint Esprit nous a donné le don d’entendement suit le don de sagesse, lequel comble l’âme de tout bien. Plusieurs savants sont fous (Rom., I, 22), mais la sagesse est une science par laquelle on savoure, on goûte et pénètre la bonté de la loi et les choses les plus relevées de l’Évangile, non pour en parler ou prêcher, mais pour les pratiquer, et, comme l’abeille, l’âme va sur les fleurs de la loi, suçant le miel de la bonté de Dieu. Quam dulcia faucibus meis eloquia tua! super mel ori meo; Ô Seigneur, combien vos Paroles sont douces à mon gosier! dit le Psalmiste (Ps. cxviii, 103); elles surpassent la douceur du miel quand je les savoure en la bouche de mon cœur, lorsque vous me donnez à goûter vos divines maximes contre celles du monde. Ô que l’âme qui est parvenue à ce degré est heureuse, car c’est une marque qu’elle est remplie du Saint Esprit et qu’il lui a communiqué ses dons.

Il reste maintenant à dire comment nous pourrons savourer ces dons. Je le dis en un mot: il ne faut sinon être en santé. Les malades ne savourent pas les viandes à cause du catarrhe qui occupe les parties destinées au goût; les malades spirituels veulent tout à rebours de bien: ils n’ont ni crainte ni force ni piété ni science. Qui veut recevoir les dons du Saint Esprit [il lui] faut se purger des humeurs peccantes. Nous avons la langue, c’est-à-dire l’âme, chargée de catarrhe; il faut quitter les dons du monde pour recevoir ceux du Saint Esprit. L’esprit du monde a ses dons: il a la science pour parvenir aux honneurs, aux grandeurs et richesses; la force pour aller en duel; la crainte de devenir pauvre et de perdre le paradis du monde et ses faveurs. Il faut quitter ces dons, car ils sont incompatibles avec ceux du Saint Esprit; puis il lui faut abandonner notre cœur, et le prier de nous départir ses précieux dons et les conserver en nos âmes au péril de toutes nos affections, de nous donner le don de crainte pour opérer notre salut et d’ôter de nos cœurs les autres craintes que le diable nous suggère. Que tout le reste se perde, pourvu que nous ne perdions point Dieu. Que peut faire le monde? nous ôter deux ou trois jours de vie temporelle? Hé, que nous doit-il importer, pourvu que nous ne perdions pas la vie éternelle?

Plaise donc à la divine Majesté de nous donner le don de crainte afin que nous le servions filialement; le don de piété pour le révérer comme notre Père très aimable; le don de science pour connaître le bien que nous devons faire et le mal que nous devons fuir; le don de force pour surmonter courageusement toutes les difficultés que nous rencontrerons en la pratique de la vertu; le don de conseil pour discerner et choisir les moyens propres à nous perfectionner; le don d’entendement pour pénétrer la beauté et l’utilité des mystères de la foi et des maximes évangéliques, et enfin le don de sagesse pour goûter combien Dieu est aimable et pour savourer et expérimenter les douceurs de son incompréhensible bonté. Ô que nous serons heureux, si nous recevons ces précieux dons! car sans doute ils nous conduiront au sommet de cette échelle mystique, où nous serons reçus de notre divin Sauveur qui nous y attend les bras ouverts pour nous rendre participants de sa gloire et félicité.  

Amen.

[1] Traité de l’amour de Dieu, L. XI, chap. 18

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